L' Histoire
de
L’église St Pierre et St Phébade de Venerque
Est un édifice classé au titre des monuments historiques en 1840.
Sa chronologie de construction est mal connue et de ce fait très complexe à étudier.
Toutefois au IXième siècle nous retrouvons trace d’une abbaye bénédictine à Venerque qui est placée sous le vocable de Saint-Pierre et apprenons aussi
que 817 est la date de construction de ce monastère.
L’édifice que nous contemplons aujourd’hui est le résultat de ce regard émerveillé et de la passion qu’il a provoqué au XIXe siècle chez les prêtres successifs en charge de la paroisse et chez les architectes responsables de la conservation des monuments historiques : Alexandre du Mège inspecteur des antiquités de la Haute Garonne, d’abord, puis Jacques Jean et Pierre Esquié.
Des origines de l’église de Venerque nous savons peu de choses. Certains indices (sarcophage de Saint Martin de Luffiac …) semblent témoigner d’une christianisation précoce de la basse vallée de l’Ariège : cependant à Venerque les sépultures du Mont Frouzi et la nécropole mérovingienne des VI et VI siècle découverte dans le domaine de Rivel ne présentent aucune référence chrétienne.
D’après une première mention reprise dans l’histoire générale de Languedoc de Dom Vaissette, nous avons la certitude de l’existence d’une abbaye à Venerque dès le IX sciècle. :
Elle est citée en 817 au Concile d’Aix la Chapelle comme l’un des 19 monastères (parmi lesquels le Mas d’Azil et Sorèze) qui ne devaient « ni présents, ni soldats mais seulement des prières pour l’empereur, pour sa famille et pour les besoins de l’état » en effet Benoit d’Aniane, chargé par Louis le Débonaire de la réforme des monastères du royaume considérait comme trop pauvre pour pouvoir faire plus.
Mais rien ne nous permet d’affirmer que cette abbaye occupait l’emplacement de l’actuelle église, même si on peut formuler l’hypothèse d’un cloitre au sud de l’église, qui expliquerait l’état incomplet du bas-côté méridional avant l’intervention de du Mèdge, et interpréter comme indices la présence de nombreuses tombes, d’un puits profond et de vestiges de piliers trouvés lors de différents chantiers sur site.
Marcel Durliat dans Haut Languedoc Roman nous dit que l’Abbaye de Venerque fut donnée à Saint Pons de Thomières en 1080 pour le Comte de Toulouse Guillaume IV. Mais selon la Gallia Christiana c’est en 1182 qu’elle fut placée sous la dépendance de la riche abbaye de l’Hérault, ce qui dut provoquer une notable augmentation des ressources de la communauté et explique des travaux importants aient été entrepris alors . En effet c’est de cette fin du XII siècle que l’on date les parties les plus anciennes de l’église actuelle. Il s’agit de la partie basse du chevet et des deux absidioles latérales.
Dans un deuxième temps, peut être dès le XIII siècle sans que l’on puisse dater précisément, l’église romane fut complétée, agrandie et surélevée. On utilisa alors un appareil de brique, procurant ainsi à l’édifice ce contraste de matériaux qui intrigue toujours le visiteur.
A la fin du XV siècle, la communauté religieuse de Venerque qui semble avoir été particulièrement active et prospère, a souhaité donner à son église une majesté conforme à son rayonnement.
A cette époque déjà l’église possédait « le plus riche trésor de la contrée après Saint Sernin de Toulouse » et de nombreuses reliques gardées dans la chapelle d’axe située derrière le maître d’autel. C’est en 1497 aussi qu’est créé la puissante confrérie de Saint Phébade appuyé sur un commerce de prières pour le repos de l’âme et de ses membres morts.
C’est à cette époque qu’on décida d’agrandir l’édifice et de vouter la première travée de la nef, jusqu’alors recouverte d’un simple appentis. Un puissant contrefort fut construit le long du mur nord et trois voûtes sur croisée d’ogives constituant une sorte de transept. Ce voutement amena à rehausser le clocher et donna ainsi des dimensions plus imposantes à la tour du chevet. Il se bâtit ensuite les deux dernières travées centrales de la nef et le portail.
Du XVI au début du XIX siècle, l’église Saint Pierre a vieilli doucement. Il semble que contrairement à bien d’autres églises alentour, grâce aux attitudes conciliantes du seigneur Jean de Mansencal , elle ait échappé aux pillages et au brûlement protestant puis catholique des guerres de religion.
En 1612, les Bénédictins furent sécularisés et le prieuré supprimé. Ce sont donc la communauté de Venerque et le seigneur du lieu qui administrèrent les biens temporels de l’abbaye.
En 1680, l’archidiacre Mgr Muran visitant l’église de Venerque déclare d’après l’abbé Roux « qu’il n’a trouvé d’autre église si belle et si bien parée que la nôtre ».
La visite épiscopale de 1746 fait ressortir la bonne taille de la nef, la solidité de la construction et le bon état du mobilier, mais signale les vitres détériorées, le pavé désuni, les réparations nécessaires aux fonts baptismaux.
Famine, inondations, hivers rigoureux et difficultés diverses ont probablement empêché la communauté d’entretenir et d’embellir son église durant la deuxième moitié du XVIII siècle. La Révolution verra la disparition d’une grande partie du mobilier et du trésor de l’église.
En 1818 un presbytère est construit contre l’église avec une salle de Mairie attenante.
En 1830, Alexandre du Mège inspecteur des antiquités de la Haute Garonne, passe par Venerque, il est enthousiasmé par l’église si remarquable et en signale l’existence au gouvernement et à l’institut. Il voit dans cet édifice original les traces élégantes de l’art byzantin. Sur cette conviction il bâtira son interprétation de l’histoire de l’église et son projet de restauration.
Il va trouver un allié de taille avec l’abbé Lassale nommé curé de Venerque en 1823 après avoir y été vicaire avant 1789 et bien décidé à y réparer les outrages du temps et de la révolution.
A cette époque l’église est dans un état déplorable, l’abbé Lassale va s’employer à retrouver et restaurer le mobilier et les ornements sacrés.
En 1835 il propose au conseil de fabrique qu’il préside de faire disparaitre le plafond de bois et de construire une « voûte à vive arrête en tuiles plates doubles pour faire continuation avec celle qui existe déjà ».
En 1836 de fausses voûtes de brique et de plâtre sont donc établies sur le modèle de celles du XVe siècle
En 1838 Alexandre du Mège revient à Venerque pour présenter son rapport au Préfet en vue du classement de l’église en « église monumentale » . Devant le conseil de fabrique il présente un ambitieux programme de travaux qui ne sera que partiellement réalisé, en fonction des financements obtenus. Il veut surtout restaurer l’abside et les deux chapelles latérales de style « byzantin ou néo grec si digne d’être admiré » et les débarrasser de constructions et plaquages modernes. Il inclut dans ce programme la mise en valeur de la petite chapelle axiale.
A partir de 1840, date du classement, les travaux sont entrepris. Ils commencent par la partie manquante du bas coté ou collatéral de droite.
En 1841 une nouvelle sacristie est construite reliée au bâtiment du presbytère au niveau de l’absidiole nord.
Mais Alexande du Mège va surtout s’intéresser à la décoration intérieure de l’église, vitraux, fresques, sculptures autant pour lui d’occasion de redonner à l’édifice son caractère « carolingien ». une fois les travaux de réfection intérieures terminés, les comptes de la fabrique n’indiquent plus de subvention de l’état et c’est le conseil municipal qui est sollicité pour poursuivre le chantier : réfection du pavement, du portail et du baptistère, peinture de la nef.
Malgré son accord les travaux ne seront pas réalisés, mais Alexandre du Mège continue à rêver de restaurer l’édifice suivant sa conviction.
En 1844, l’abbé Lassale décide d’acheter des cloches pour remplacer celles que la révolution avait envoyé à la fonte ; 14 cloches constituent le nouveau carillon confié à une succession de carillonneurs et de carillonneuses habiles qui ont rythmé jusqu’à aujourd’hui la vie des Venerquois.
En 1851, Alexandre du Mège rédige un nouveau mémoire illustré de nombreux dessins et développant une argumention assez fantaisiste pour proposer un projet fortement inspiré de l’architecture « militaire ». La façade y serait agrémentée d’un porche à ouverture ogivale et d’une tribune de pierre ouvragée, surmontée d’un clocher-mur crénelé.
Une petite chapelle, dans le style des absidioles du chevet, serait construite à usage de baptistère et une autre, symétrique, serait envisagée dans une tranche de travaux ultérieurs. Mais Alexandre du Mège n’obtiendra pas les moyens nécessaires à la réalisation de ce projet et cédera sa place et la responsabilité de l’église de Venerque Jean-Jacques Esquié.
Ce dernier adresse en septembre 1853 un rapport sur l’église de Venerque au préfet, à l’intention du ministre. Reprenant les projets du Mège il les classe par ordre d’urgence et commence par le carrelage de pierre de la nef et surtout le remaniement et la mise en bon état de la toiture qui recouvre le chœur. Ces travaux sont achevés vers 1857. Il envisage alors des travaux relatifs à la restauration extérieure de l’abside et des chapelles latérales, mais ne seront pas exécutés.
En 1872 Jean-Jacques Esquié intervient pour la restauration du bas-côté côté nord.
En 1884 il meurt, son fils Pierre lui succède. Il établi pour le conseil de fabrique un rapport sur l’état très préoccupant de la toiture de l’église. Esquié propose de démolir le toit unique qui recouvre l’église et de le ramener à une triple toiture ; deux plus basses pour les bas-côtés et une plus élevée pour la nef principale, ce qui, selon lui, restituerait à l’édifice sa forme primitive.
Il propose aussi de reconstruire le clocher sur le devant de l’église, comme l’avait projeté du Mège, et de transformer entièrement la facade ce qui permettrait d’avoir « une magnifique vue d’ensemble ». le porche devait faire partie intégrante de l’église avec, la tribune au-dessus donnant sur l’intérieur et les deux tours extérieures avec escalier intégré, coiffées de petites échauguettes, formant, au-dessus d’un bas-relief représentant Saint Pierre un ensemble comparable en plus petit au clocher de Notre-Dame du Taur.
Cette façade, très proche de celle qu’avait imaginé du Mège, devait aussi recevoir deux absidioles faisant face à celle Saint Jean et de Notre Dame, cette dernière étant dénommée baptistère.
Ces dernières propositions ne seront pas mises en œuvre, le conseil municipal en trouvant le coût trop élevé, mais la transformation de la toiture et son accompagnement par tout un décor de fortifications seront réalisés en 1896-1897 et donneront à l’Eglise de Venerque cette allure médiévale et défensive qui constitue sa beauté originale et lui vaut sa célébrité.
Au cours du XXe siècle les municipalités successives, sous le contrôle des architectes de monuments historiques et dans la limite des crédits affectés par l’état se sont forcés d’entretenir l’édifice, le restaurer, le protéger, et d’améliorer l’environnement de ce patrimoine prestigieux.
DESCRIPTION EXTERIEURE
C’est cette histoire qui a fait l’étonnant monument dont nous pouvons aujourd’hui faire le tour jusqu’en 1965 ont été démolis l’ancienne sacristie, le presbytère et d’autres constructions annexes, pour créer le long de l’église la rue Jean Gilet.
Commençons par le chevet où la confrontation des matériaux et des formes illustrent en une seule vision l’histoire que nous venons d’évoquer.
Le chevet comprend une sobre et puissante abside pentagonale surmontée d’une haute tour crénelée et flanquée de deux absidioles.
L’abside à pans coupées et éclairée de 5 fenêtres plein cintre aux archivoltes simplement moulurées. Elle est ponctuée de 4 contreforts à ressauts et de contre-murs dont celui du centre est probablement plus tardif , puisque construit à la place de l’ancienne absidiole axiale dont on peut discerner le dessin dans la maçonnerie.
Au-dessus de la partie la plus ancienne en pierre de taille, les deux niveaux de surélévation en brique apparaissent nettement : celui qui est daté du XIIIe siècle jusqu’à la corniche de pierre à modillons restauré par Esquié puis celui qui correspond au chantier du XV siècle avec ces gargouilles caractéristiques.
L’élévation de la tour et du clocher mur a suivi le développement de l’ensemble de l’édifice, atteignant au XV siècle ses actuelles dimensions.
Dans les 4 baies plein cintre, les 3 grandes cloches, la Ginestyne, la Marltole, la Berdette du nom de leurs donateurs en 1844 . en compagnie de 11 autres de leurs sœurs, elles forment le carillon de Venerque.
A côté de la croix de brique, un drapeau girouette acquis par la mairie en 1850 est repeint en 1978 aux couleurs de la république atteste de la cohésion communale. Les 2 absidioles pentagonales sont rythmés de pilastres prolongées de fines colonnes.
Seule décoration d’origine est le cordon à billettes cernant la petite fenêtre de l’absidiole sud, la fenêtre de l’absidiole nord a été refaite plus tard sur le même modèle.
Une partie des murs latéraux est construite de la même pierre que le bas du chevet, délimitant ainsi le premier chantier de l’église.
Le mur nord est soutenu par un puissant contrefort qui fait partie de l’agrandissement du XV e siècle.
Sur ce mur , on décèle les marques laissées par les dépendances de l’église qui furent adossées jusqu’en 1965.
Une partie du mur sud est aussi construite en pierre et remonte à l’église primitive.
Elle fut assez tôt continuée en briques jusqu’à la tour de l’escalier du clocher et sans doute plafonnée de bois à un niveau inférieur du bas-côté nord.
La hauteur de l’ancien vitrail et les reprises de construction en témoignent.
Le mur présente ensuite un appareillage de briques et de galets régulièrement alternés qui se distingue de celui de l’ensemble du bâtiment.
C’est la partie du collatéral qui fut construite à l’initiative du Mège en 1840 avec la participation de la population de venerque pour compléter le bas-côté méridional.
Le pourtour de l’édifice est couronné des fortifications réalisées sous la conduite de pierre Esquié à la fin du XIXe siècle.
La maçonnerie des contreforts a été reprise pour pouvoir établir les échauguettes.
Au-dessus des bas-côtés un crénelage en encorbellement repose sur des consoles de pierres.
Des mâchicoulis de fantaisie témoignent d’un travail particulièrement soigné.
On imagine derrière les créneaux, merlons et échauguettes, un chemin de ronde, en réalité il s’agit d’une simple passerelle le long des 2 bas-côtés.
La façade d’entrée de l’église, qui a, échappé aux transformations visionnaires du Medge, puis d’Esquié, se caractérise par une austère et puissante sobriété, présentant la nudité de sa surface de brique encadrée sur sa hauteur de 2 contreforts massifs.
Le porche, auquel est appuyée la sacristie a été fermé récemment de lourdes grilles afin de la protéger.
EVOLUTION de la CONSTRUCTION de L'EGLISE par siècle en couleur
DESCRIPTION INTERIEURE
Une fois franchi le porche on pénètre dans l’église par le portail de briques enduites en forma d’arc brisé dont les voussures reposent sur des colonnettes par l’intermédiaire de chapiteaux de pierre décorés de feuilles plates stylisées et de grosses boules.
Produit, comme nous l’avons vu d’agrandissements successifs l’église présente aujourd’hui à collatéraux, aux voutes à liernes et tiercerons, dont les 3 travées aux murs austères recouverts d’une peinture à la chaux avec filet simulant un appareil en pierre s’ouvre sur une abside surprenante, tant par sa composition architecturale que par ses fresques, et sur 2 chapelles latérales.
Dans le chœur, chacune des 5 fenêtres est encadrée par une haute arcade formée de colonnes polygonales qui supportent des arcs en mitre par l’intermédiaire de chapiteaux à feuillages.
Au dessus de cet ordre colossale courre une corniche sur laquelle s’appuie une voute qui épouse la forme polygonale de l’abside mais qui n’est selon Marcel Durliat peut être pas romane.
Les 5 vitraux posés en 1841 font partie de la rénovation intérieure de l’édifice initié par Alexandre du Medge.
Le vitrail de Saint Pierre occupe la fenêtre centrale, encadré à sa droite par Sainte Julie et Saint-Jean Baptiste, à sa gauche par Saint Phébade et Saint Joseph.
Les chapiteaux, à la retombée de l’art triomphal ou à la limite du chœur et des absidioles appartiennent à la construction romane.
Persuadé que l’abside est un monument qui date de l’époque carolingienne et que les anciennes peintures et fresques exécutées au IXe siècle ont disparues, du Medge a voulu « reconstituer une décoration d’inspiration byzantine d’après celle de manuscrits carolingiens ».
C’est ainsi que nous pouvons contempler aujourd’hui les figures des 4 archanges : Uriel, Michael, Gabriel et Raphael dans les panneaux du haut, et les 4 évangélistes dans les grands panneaux du bas : Luc et Matthieu au nord, Jean et Marc au sud.
Sur le quadrilatère central est représenté un christ en majesté directement inspiré de l’iconographie byzantine.
Les colonnes présentent un gracieux décor dans des tons dégradés de bleu. Du Medge suivi dans les moindres détails l’exécution de ces peintures qui furent ensuite restaurées en 1981.
Derrière l’autel, l’entrée de l’ancienne chapelle est ornée d’un moulage de billette en damier retombant sur de larges tailloirs en terre cuite ornées d’un ruban formant grec, de rinceaux, feuillages et fruits copiés sur ceux de Saint Etienne de Toulouse.
Une grille finement ouvragée a été installée en 1850 par l’Abbé Castillon pour protéger les reliquaires.
De chaque côté, un ange en bois doré. Peut-être ces anges faisaient ils partis, comme le suggère Mr Tufféry, d’un retable dans lequel auraient été inclus également les 2 grandes statues de la vierge et de Saint Joseph, les bustes de Saint Pierre et Saint Phébade (actuellement dans la vitrine). Retable qu’aurait fait démolir du Mèdge et dont la plupart des éléments auraient été dispersés.
Quand du Medge entrepris la remise en état des absidioles, il ne put mettre à exécution son projet de fresque dans le gout de celles de l’abside, mais dirigea avec grand soin le travail du tailleur de pierre chargé de réparer les éléments sculptés et d’en faire de nouveaux néo-roman selon l’expression de Victor Allègre.
Le décor de l’absidiole méridionale (Chapelle Saint Jean-Baptiste) a été refaite presque entièrement.
Les chapiteaux de l’arc d’entrée, ceux des fenêtres et les 2 bandeaux copient des motifs de Saint Sernin et sont peints comme à Saint-Austremoine. Cette chapelle a une voute polygonale comme l’abside.
La statue en bois de Saint Jean-Baptiste remonte au XVIIe siècle. En revanche, les chapiteaux de l’arc d’entrée de l’absidiole nord où la voute romane est en cul-de-four sont authentiques ; le décor de feuillages et fleurons également mais les bases ornées de figures appartiennent au milieu du XIXe siècle.
Dans une vitrine éclairée du bas coté gauche de l’église, se trouvent plusieurs objets précieux outre les bustes déjà cités.
Le reliquaire de cuivre contient les reliques de Saint Phébade, évêque du Ve siècle qui s’opposa à l’hérésie aryenne et soutint la divinité de Jésus Christ.
Ce reliquaire était primitivement placé dans une niche au-dessus de la chapelle d’axe et faisait l’objet d’une vigilance particulière justifiée par son arrivée miraculeuse à Venerque après son enlèvement de la Cathédrale d’Agen par des brigands.
Au fond de l’église les fonts baptismaux sont fermés par une grille curieuse où se découpe notamment une originale crucifixion.
Sur le fond plat où se rabattent les 2 portes, une inscription en lettres de fer, découpées et rivées nous dit en occitan « An milo Vc et XV et le XXIX del mes de jun furent fas les presentas riejas » (l’An 1515 et le 29 du mois de juin furent faites les présentes grilles).
A quoi servit ces grilles ? on suppose qu’elles séparaient au temps de l’abbaye, les religieux et les paroissiens, d’autant que l’inventaire de la révolution porte (Octobre 1795) ; « 33 pièces de fer entourant les fonts baptismales, y compris les portes, 32 pièces de fer haut galetas de la maison commune 2 gros battants de cloche, … ». pour que ces 32 autres pièces de fer aient été inscrites comme biens de l’église, à la suite des autres, on peut penser qu’il s’agissait des mêmes mais non réemployées.
Au-dessus de la porte d’entrée se trouvait une tribune en bois datant de la fin du XIX siècle.
Le meuble massif et assez grossier sur lequel s’appuyait un escalier recèle des merveilles insoupçonnées : bannières de soie brodées de fil d’or et ornements liturgiques précieux qui furent exposés voici quelques années à l’occasion des journées du patrimoine.
La clôture du chœur est une grille de fer forgé et de métal qui séparait autrefois le chœur des moines de la nef des paroissiens; elle a été repeinte et a changé de fonction: en effet, elle isole aujourd'hui les fonts baptismaux.
Cette grille porte une inscription qui la date précisément du 29 Juin 1515
AN MILO VC ET XV ET LE XXIX DEL MES DE JUN FURENT FAS LAS PRESENTAS RIEJAS
(l’An 1515 et le 29 du mois de juin furent faites les présentes grilles).
A droite
Une ornementation légère présente la Crucifixion ainsi que de nombreuses fleurs. Réalisée dans un style encore gothique,
L'église contient un trésor religieux datant du XIIIème siècle qui est le reliquaire de saint Phébade et celui de sainte Alberte. Ces reliques sont tellement précieuses que lors des processions que l'on faisait au XVIème siècle, des hommes en armes accompagnaient et protégeaient le reliquaire, comme le signale Théodore de Bèze le 25 avril 1562. On comprend mieux cette méfiance lorsqu'on connait l'histoire de ce trésor. Les reliques, volées à Agen, se retrouvèrent à Venerque après avoir été gardées à Périgueux où leur présence est attestée. Elles seraient arrivées à Venerque vraisemblablement en 1562 lorsqu'Agen tomba entre les mains des Huguenots en pleine guerres de religion pour les mettre à l'abri en lieu sûr. Venerque offrait à ce titre bien des atouts : outre le fait qu'il n'y avait aucun conflit religieux, c'était une ville fortifiée. Elles y étaient en lieu sûr car à l'époque Venerque était un village calme, fidèle à la religion catholique et bien protégé par son donjon et ses fortifications qui dataient de 1209. Elles auraient été érigées pour défendre le prieuré qui était visiblement fort riche. La crainte était que les anciens propriétaires auraient pu tenter de venir récupérer les reliques. En effet ce trésor avait fait l'objet de réclamations suite à un vol dans cathédrale d'Agen, malgré tout, une partie des reliques du saint évêque leur furent rendues en 1653.
Le fait que son église possède le plus riche trésor de la contrée après celui de Saint-Sernin, explique l'ampleur des fortifications que possède Venerque au XVIème siècle.
Il est cependant étonnant de constater qu'une confrérie Saint-Phébade est attestée à Venerque en 1497, année où l'abbé Castelli en a écrit les statuts. Elle organise notamment une procession des reliques le 25 avril. Dès 1730, il est d'usage d'utiliser les fonds levés lors des processions, pour alimenter un fond pour des déshérités. Cette tradition instaurée par l'abbé de Lasteules restera en vigueur jusqu'en 1880.
Saint Phébade était évêque d'Agen et mourut en 400.Quant à Sainte Alberte, elle subit le martyre en même temps que sa sœur sainte Foy en 286.
On doit la découverte de sainte Alberte à l'abbé Melet. Il sait que la tête de saint Phébade ne se trouve pas dans ce reliquaire car ce qu'il en reste est à Agen. Or il y remarque des ossements de crâne et d'autres os qui n'appartiennent visiblement pas à l'évêque d'Agen. Après de minutieuses recherches dans de vieilles archives, l'abbé Melet en perce le secret : il s'agit des seuls restes connus de sainte Alberte avec ceux conservés dans la cathédrale Saint-Caprais d'Agen. Ils étaient réunis dans le même reliquaire depuis le XIème siècle. À la suite de cette découverte, le 22 septembre 1884, l'évêque de Rodez fait don à Venerque d'une relique de sainte Foy, "afin que les deux sœurs se trouvent à nouveau réunies". Ces nouvelles reliques proviennent de la châsse de sainte Foy qui avait été retrouvée à Conques. Cet événement donnera lieu le 21 octobre 1884 à une cérémonie solennelle à Montfrouzi par le vicaire d'Agen, l'abbé Rumeau.
Le décor peint du chœur est réalisé au cours de l'année 1842 sous la direction d'Alexandre Du Mège, qui en définit le programme et fournit les modèles, par le peintre Ricard, plus particulièrement chargé des figures, et le peintre décorateur Céroni.
Les représentations du Christ en majesté et des évangélistes sont directement inspirées par les enluminures de l'Evangéliaire de Charlemagne, qui se trouvait dans le trésor de Saint-Sernin de Toulouse avant la Révolution, et par d'autres enluminures carolingiennes pour les encadrements ou encore les mosaïques byzantine pour le ciel étoilé.
Pour deux des archanges, Du Mège a donné pour modèles les grands anges en marbre du rondpoint de Saint-Sernin.
Les peintures ont été restaurées par l'atelier de Pierre Belin en 1981.
Il semble que ces peintures soient réalisées selon la technique particulière de la fresque, qui consiste à peindre sur un enduit frais. Cette technique reste somme toute relativement rare au 19e siècle.
Les représentations des évangélistes sont inspirées des enluminures carolingiennes et plus précisément du bréviaire de Charlemagne. Quant à la représentation du Christ en majesté entouré des quatre archanges Uriel, Michael, Gabriel et Raphaël, elle est directement inspirée de l'iconographie byzantine.
Ces œuvres ont été réalisées par les peintres Céroni et Ricard en 1842. Il est possible d'apprécier l'art de ces peintres à Toulouse : au Musée des Augustins, qui conserve un portrait fait par Ricard, et sur la voûte du chœur de l'église Saint-Exupère réalisée par Céroni, artiste local.
Sur la voûte est peinte une croix de gloire constellée de pierreries. Au registre intermédiaire est représenté un Christ en majesté cantonné de quatre archanges. Enfin sur le registre inférieur figurent les quatre évangélistes et leurs attributs. L'ensemble est orné d'animaux fantastiques, de motifs floraux, de rinceaux et d'entrelacs. Le décor est complété par des trompe-l’œil en grisaille.
Détail des peintures monumentales de l’absidiole sud :
La Prédiction de saint Jean-Baptiste
Ancien Prieuré devenu église paroissiale Saint-Pierre.
Il s’agit de deux toiles marouflées peintes à l’huile, qui se situent dans l’absidiole sud de l’Eglise.
Elles représentent deux scènes : la prédication de saint Jean-Baptiste d’une part et puis lui-même seul dans le désert.
L’auteur a signé les deux toiles de son nom : F Augé, mais également porté la date d’exécution : 1893.
Il est à remarquer que ces peintures sont très proches stylistiquement des toiles de Puvis de Chavannes, peintre muraliste français de 19e siècle.
CONCLUSION
Agrandie, embellie et protégée jusqu’à nos jours, l’église Saint Pierre est ainsi devenue cet édifice surprenant et émouvant par son passé, ses lignes, ses proportions que nous venons de visiter. Pourtant et malgré les travaux d’historiens scrupuleux qui ont éclairé notre parcours, le bâtiment n’a pas encore livré tous ses secrets. A quand remonte sa première construction ? sont-ce des moines défricheurs qui ont déboisé, apprivoisé le lieu ou doit-on penser qu’un paléo-édifice, peut être une basilique paléo-chrétienne existait déjà ? la présence attestée d’un habitat gallo-romain sur le secteur pourrait étayer cette seconde hypothèse.
Une crypte destinée à l’ensevelissement des morts reste t’elle cachée sous le dallage, comme semble le suggérer certains textes ? Comment l’un des trésors les plus riches de la contrée et les reliques précieuses de Saint Phébade et Saint Alberte sont-ils échus à l’église de Venerque ? Quel a été le rayonnement intellectuel et religieux de cette abbaye devenu prieuré ? puissent ces interrogations stimuler la curiosité de nouveaux chercheurs qui donneront aux venerquois des raisons toujours plus profondes de s’intéresser a l’histoire de leur église et de la présenter avec fierté à leur visiteurs.
LIEUX DE CULTE DISPARUS SUR LA COMMUNE DE VENERQUE
L'église de Bézégnagues
Le livre du prévot nous révèle qu'il existait au XIIIe siècle, dans la commune de Venerque, une église au lieu de beranhagua ou bezenhague - aujourd'hui lieu dit Bézégnagues - qui devait au prévot de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse une redevance annuelle de 2 sols 4 deniers (autant que l'église Saint-pierre de Venerque).
Nous ne connaissons aucun autre document concernant cette église disparue.
La chapelle domestique du chateau des Maurices
Une chapelle privée fut construite-ou plutot reconstruite- dans la cour du chateau des Maurices par noble Bernard Delpuech Espanés, seigneur du lieu, en 1640.
On y célébrait le service de vingt messes, les dimanches d'aout, septembre et octobre, et les jours de fete.
De l'enquete précédent cette fondation, il ressort "qu'il y a eu autresfois une chapelle voutée dans la première basse cour du chateau des Maurices, paroisse de Venerque, avec un autel de brique au-devant d'icelle ou se célébrait la Ste Messe."
Chapelle Notre-Dame-de-Pitié
Nous connaissons l'existence de cette chapelle, contigué à l'hopital, par la déposition du curé de Venerque, M. de Lasteules, le 25 septembre 1720 :
"dans la maison curiale du lieu de Venerque, auroit compareu Mre de las teulos docteur en théologie et curé dudit lieu, lequel nous auroit représenté que dans le terroir dud. Venerque et tout joignant l'hospital dud. lieu, il y a une chapelle dédiée a l'honneur de Nostre-Dame de Pitié qui avoit besoin de plusieurs réparations que la communauté dud. Venerque y auroit fait faire pour respondre a la dévotion des fidèles, et qu'avant d'y célébrer le St Sacrifice de la messe, il auroit prié Mrs les vicaires généraux du présant diocèse de nommer un commissaire a leur place pour visiter lad. chapelle et sçavoir si elle estoit dans la décence requise pour pouvoir y célébrer la Ste Messe."
Le curé d'Aureville, Léonard Caussade, commis a cet effet, décrit en détail la chapelle en question et juge qu'elle est digne de recevoir le Saint Sacrifice de la messe :
" Nous serions transportés dans lad. chapelle accompagnés de Me Vincent Espaigniac, vicaire dudit Venerque, led. Me de las teulos curé estant incommodé, dans laquelle il y a un autel basti de brique avec une place pour placer une pierre sacrée dans un enfoncemment qu'on y a pratiqué, que led. autel est fermé par une balustrade de bois led. chapelle bien blanchie, y ayant sur led. autel un plat fond que led.Me las Teulos va faire continuer jusques au fond de lad. chapelle qui est fermée par un clair voir de bois et une porte fort propre, auquel autel mesme led. Me de las Teulos fait faire un petit rétable avec une image de la Ste Vierge en relief de la hauteur de quatre pams et demy, filetée d'or, après toutes lesquelles réparations nous jugeons que led. Me de Teulos, Mrs les vicaires et autres pretres pourront célébrer le St Sacrifice de la messe."
C'est sans doute cette chapelle qui fut démolie pendant la Révolution en Vendémiaire an III (octobre 1794) .
L’association du Patrimoine de VENERQUE
..avec le soutien des élus locaux et l’aide du personnel communal a su redonner vie à cette horloge qui vient d’être extraite du dessus de la voute du chœur.
Montée en 1933, au plus près des cloches et du cadran horaire qui étaient commandés mécaniquement, elle cessa ses fonctions au cours de la dizaine 80 à la suite de diverses pannes. Agressée par l’humidité et la fiente des pigeons nous lui avons proposé une seconde vie. Nettoyée, réparée, modifiée pour lui accorder un fonctionnement pour de simples démonstrations, elle est capable aujourd’hui de nous faire entendre nos cloches avec la complicité de l’électronique et quelques compétences.
Aujourd’hui nos cloches sont actionnées électro mécaniquement à partir d’une interface manuelle ou automatisée électroniquement.
AVANT APRES
Sources et Bibliographie
Extrait du livre : Le canton d'AUTERIVE
Association de recherche & d'étude des 2 églises & Chapelles de la Haute-Garonne
Louis Latour et Arec 31
Photographies /Textes
Claudette SARRADET
Maurice TUFFERY - Désiré MIGNONAT
En vente par l'association du patrimoine
VENERQUE
église St PIERRE et St PHEBADE
A découvrir riche en textes et photographies détaillées certaines inédites